Pourquoi est-il important de fixer un prix au carbone ?

C'est probablement le sujet le plus important mais aussi le plus complexe que les États devraient traiter et pourtant il ne fait pas partie des objectifs officiels de la COP21. Faute d'ambitions sur ce sujet, on voit mal comment les engagements qui seront pris à Paris pourraient être contraignants. Que la mobilisation soit pour une fois unanime et financée en partie par le fameux Fonds Vert et les initiatives des milliardaires du monde entier, c'est bien, mais c'est toujours insuffisant.

"Ce que l'on ne paie pas est inévitablement gaspillé ou sur-consommé"

Aujourd'hui 3 mécanismes permettent d'inciter les entreprises et les collectivités à réduire leurs émissions: taxer les revenus, taxer les produits et subventionner les projets écologiques. Ils permettent de sanctionner les pollueurs mais ne les incitent pas à réduire leurs émissions. L'argument est simple: fixer un prix au carbone et introduire un marché correspondant permettrait de limiter la consommation d'une ressource limitée et vitale pour notre planète. "When we drive our cars, heat our homes or use fossil fuels in more indirect ways, all of us create these costs without paying for them. It follows that we overuse these fuels. This is not some kind of government planning argument — it is the logic of the market: that which is not paid for is overuse"- Larry Summers

Le mécanisme d'un marché carbone

Pour comprendre ce qui bloque, il faut d'abord comprendre comment fonctionne un marché carbone, prenons l'exemple du marché européen du carbone



Pour résumer:
  1. Une instance de régulation donne des quotas d'émissions à des entreprises polluantes
  2. Au bout d'un an, elles doivent racheter des quotas si elles ont trop pollué. A l'inverse, elles peuvent les vendre si elles ont dépassé leurs objectifs de réduction.
  3. Le surcout ou le bénéfice dépend du prix donné à 1Tonne de CO2

Le premier marché carbone a été crée aux États-Unis dans les années 90 pour réduire les émissions de dioxyde de souffre (combustion du charbon) responsables de nombreuses pluies acides. Ce fut un grand succès. Plusieurs régions du monde on lancé leur propre marché carbone à la suite du protocole de Kyoto: l'Union Européenne, le Québec, l'Australie, la Nouvelle Zélande, la Norvège, la Suisse, la Chine (quelques provinces pilotes), la Corée du Sud, le Japon (Tokyo seulement), le Kazakhstan et les États-Unis (quelques États). Sur chaque marché le prix de la tonne de CO2 est différent et varie entre 2€ au Kazakhstan, 5$ aux USA, 7€ en Europe, en Corée et en Nouvelle Zélande, 18€ en Australie et une 60aine€ au Japon. Ces initiatives sont encore récentes et peuvent être largement améliorées. Le premier obstacle est le prix d'1T de CO2, souvent trop faible et peu incitatif.

Un prix mondial est-il possible ?

c'est la question centrale du débat aujourd'hui. Un prix unique permettrait de mettre en place un marché mondial du carbone dans lequel toutes les entreprises seraient contraintes de manière équitable. L'objectif est ambitieux mais semble impossible à court-terme vu la complexité des questions à résoudre:
  • Comment harmoniser la mesure du bilan carbone ? Quelles règles de calcul ?
  • Qui fixe le prix du carbone et attribue les quotas ? Selon quelles règles ? Comment exonérer les pays les plus pauvres ? Quels efforts demander aux secteurs les plus polluants mais tout de même nécessaires ?
  • Quelle(s) autorité(s) de régulation mettre en place ?
  • Quelle(s) plateforme(s) d'échange ?
  • Quelles sanctions contre les réfractaires ? Des barrières protectionnistes ?
  • Quel calendrier adopter ?
On comprend bien qu'un tel mécanisme ne verra pas le jour cette année. On peut en revanche espérer que les pays les plus volontaires montrent l'exemple et décident d'améliorer, d'harmoniser et de relier les différentes initiatives régionales.  
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